vendredi 16 décembre 2016

Compass Primero

Jeudi 1 décembre au soir.
Ce matin, les premiers frimas de l'hiver ont gelé ma barbe et rafraichi mes joues.
Ce soir j'ai monté une paire de pneus Compass Barlow Pass en 38 sur le Fairdale.

A la suite d'un message sur velotaf.com, JP de 2-11cyles m'a contacté pour me proposer un deal sympa sur une paire de Compass. Comme je suis joueur, j'ai accepté son offre, me permettant ainsi de tester des pneus dont les utilisateurs disent tant de bien et les jaloux autant de mal.

Mais j'avoue que je serre un peu les fesses pour mes premiers trajets avec ces pneus. Ils ne semblent pas du tout rivaliser avec mes Conti Contact Travel, qui sont de vrais tanks...
Les Panaracer Gravel King en 32 m'ont auparavant énormément déçu, par deux crevaisons le second jour d'utilisation (pincement puis épine). Le profil semble similaire, mais au déballage les pneus Compass respirent franchement la qualité et ils iraient tellement bien sur mon Croix de Fer !!
Mais ça n'est pas le but du test.


Voici à quoi ressemble la seconde moitié de mon trajet vélotaf, j'ai le plaisir de très peu rouler en ville:




Elle correspond à ce que j'entends dans le mot valise "gravel", tant à la mode. Du VTC en quelque sorte. Des chemins agricoles, forestiers ou de halages bien caillouteux, secouants mais pas techniques. Sans difficulté nécessitant un VTT ou même une fourche suspendue.
Juste de bons pneus mesurant au minimum 35mm de diamètre...

La première partie est une piste cyclable assez hasardeuse reliant Lyon à Miribel.
J'attends la réouverture du chemin de halage à Neyron pour retrouver un itinéraire 75% graveleux.

Vendredi 2 décembre:
 Un premier aller retour très surprenant. Je retrouve un réel confort de roulage, sur route comme sur chemin. Mon appréhension passe rapidement. En effet, les chemins sont moins tape cul et l'inconfort que je ressentais avec mes pneus précédents (les Conti CT) laisse place à une sensation de glissement, de roulage propre.
J'avoue que j'étais bien en stress suite à mes mésaventures avec les Pana GK...
Je viens de comprendre la différence entre un pneu à 20e et un pneu à 60e. C'est un peu comme si je redécouvrais mon vélo. Roulant, maniable et confortable, même sur les passages qui auparavant me cassaient le cul. On est bien loin du tank qui me secouait comme un prunier.
Après il ne s'agit que de la première sensation, sur sol archi sec. Faut voir si au fil des jours l'épée de Damoclès va pas me démonter...
Mais ce matin et ce soir mon trajet a duré 5 minutes de moins... Et je ne mets pas ça sur le compte de la célèbre "pèche du vendredi matin", ni l'incontournable "folle énergie du vendredi soir", sachant que je suis HS en fin de semaine et qu'il fait -3 le matin...

Lundi 5 décembre:
Aujourd'hui, trajet givré le matin, chargé sur l'avant, rien à signaler.
Petit détour le soir, montée sur les Dombes par la Boisse, puis de la route, excellente tenue. Pas de perte en montée, c'est pas un pneu de grimpe non plus mais l’absorption était minime. Retour au clair de lune, descente rassurée et rentrée au bercail. Bref rien de bien nouveau.
Le confort est toujours là, je me dis que revenir sur un pneu moins agréable sera très difficile. J'attends la pluie et les ravines avant de m'épancher dans l'enthousiasme...

Vendredi 16 décembre:
Voilà.
Retour du travail chargé comme un mulet, je sens que le pneu avant est pas jouasse, je suis un peu sous gonflé...
Total le ressenti est pas mal, pas de rebond, je sens pas les cailloux, le pneu part pas en sucette et ne tape pas...
Déjà plus de 500 bornes emballées avec ces pneus. Pas d'eau, pas de pluie. Rien qui affecte réellement le train roulant. Mais je me suis fait avoir, comme un bleu. Je pourrais jamais rouler autre chose, même si je crève 3 fois la semaine prochaine !
Je peux affirmer que ces pneus sont parfaits pour ce à quoi ils sont destinés, le gravier, le chemin sec, les sentiers battus.
Allez, je me dis qu'il reste de la route jusqu'à Juillet, que la boue va bien venir, accompagnée de ses rivières de galets concassés. La crue du Rhône, les giboulées, je sais pas !

dimanche 27 novembre 2016

les éléments élémentaires

Maintenant que je roule de façon conséquente, je tire des conclusions, j'ai des avis, des impressions tirées d'expériences.
J'aimerai vous faire part des différents éléments essentiels de mon (mes) vélos, qui font que l'effort est devenu plaisir. Qu'à remplacer la voiture par le vélo j'ai apprivoisé du matériel qui, par son confort ou sa durabilité, rendent la contrainte agréable et le vélotaf plus aisé.

l'équipement du vélo:

Le premier, la selle.
Il s'agit du périphérique le plus difficile à choisir car il est le plus personnel. Ce n'est ni l'esthétique ni le prix qui permettent de préférer une selle. Elle se doit d'être confortable, sous peine de s'infliger des souffrances inutiles.
J'ai eu la chance de trouver par hasard ma selle idéale, pour 10e dans un bac de déstock au feu magasin K124 de Clermont. Une selle "bmx" Try-All.

Il s'est avéré qu'il s'agit plus ou moins d'un modèle similaire à la Charge Spoon.
Après avoir dérivé par Flite, je me suis tourné vers Fabric, la nouvelle marque ayant renommé les selles Charge. Elles s'appellent Scoop et se déclinent sous trois modéles: Radius, Shallow et Flat. Chacun correspondant à une position sur le vélo.
J'ai donc équipé mes trois vélos avec ses différentes selles. Pour rien au monde je ne changerai car elles me procure un confort garanti, pour plusieurs heures (mon maximum est 9h de selle, avec une Shallow).
Elles ont l'avantage d'être légères, simples et peu chères. Et en plastique. Ce qui met de côté l'exploitation animale et la peur de l'humidité. Je ne m'attarderai pas sur le confort, car il est différent pour chacun. Je vous prêterai une selle, vous pourriez ne pas la supporter.



Le second, les pédales.
Encore une fois, c'est un ressenti personnel. Je me suis assez étalé ici sur mes problèmes de genoux. Un jour j'ai monté une paire de Crankbrother EggBeater. Légèreté visuelle, liberté angulaire, ça me plait. On me prévenait d'une fragilité précoce. Ma première paire est visible sur mon Genesis en couverture. J'ai du entretenir les ressorts mais je les ai toujours.



J'ai récemment opté pour une paire de Candy, pour 35 euros... Aucune différence, toujours vivantes.
Les cales sont très petites et ne se sentent pas à la marche, les miennes ont un an, sont bien usées mais clipsent toujours malgré la caillasse qu'elles ont ramassée.
Je mettrai en avant la facilité d'utilisation, idéales en vélotaf et le confort. Je ne suis pas un fonceur, je ne force pas comme une brute. Je n'ai donc pas besoin d'une surface d'appui conséquente. Je préfère un pédalage fluide et un maintient relatif. La fixation est là pour m'aider à tirer et à garder mes pieds sur les pédales.



Le troisième, le pneu.
Le Fairdale est équipé d'une paire de Continental Contact 2, en 42. D'origine en 35, j'ai acheté les même en plus large car plus gros c'est mieux.
Le confort de roulage est catastrophique, autant rouler des Marathon Plus. Sauf que les Conti pèsent 300g de moins. Les avantages principaux sont la tenue de route impeccable et l'absence de crevaison en 7000km.
Et c'est ce dont j'ai besoin en vélotaf. Ne pas glisser, ne pas crever.
Aujourd'hui, au bout de 8000km je vais les changer. Ils ont bouffé du gravier, de la boue, de la pc crado, des cailloux, du sous bois... Ils sont désormais assez craquelés et truffés d'entailles. Ce qui m'a conduit à trois crevaisons en 2 mois, hop, poubelle.
Mais je rachète les même, pas pour le SWAG, c'est sur.



(note ajoutée: J'ai monté des Conti travel contact reflex en 42, très bon ressenti, bonne accroche et les passages boueux sont plus aisés)


Le quatrième, la loupiote arrière.
Oubliez les merdes jetables de Knog ou Decathlon. Pensez allemand. Pensez Busch and Muller.
Le modèle IXXI est un rapport qualité prix imbattable. Si elle dure plus de 10h avec un éclairage fixe, elle se recharge très rapidement. Étanche qui plus est. Et sa luminosité en fait l'équivalent d'un phare antibrouillard arrière, pour vélo... Et pour moins de 20e.



l'équipement du cycliste:

Je ne m'habille pas de façon surréaliste avec des habits à la pointe ou swag (no Rapha). Ni avec des vêtements éthiquement responsables...
C'est pourtant un investissement nécessaire pour surmonter l'effort que constitue l'épreuve du froid un matin de janvier...

-pieds:

Chaussures vtt mavic crossride SL elite, parfaites avec un prix contenu, un confort optimal et un poids léger. Combiné à des couvres chaussures Shimano H2O ou des PlanetX Neoprène (froid), on a un combo pour toute l'année, avec lequel on peut (relativement) marcher.
Une paire de chaussettes hautes Btwin et hop.

-cuissards:

L'été je roule en cuissard Poseur de chez ElevenGear, je connais pas le produit de base. Chamois assez fin mais confortable, RAS au niveau des fesses.
L'hiver c'est le cuissard long de Decathlon qui prend le relais, le modèle chaud à 50e et chamois orange. Je lave à la main juste le chamois 2 fois par semaine et une machine par mois pour le préserver...
Même par -5° je n'ai pas encore eu froid au cul.

-les trois couches:

En été un jersey suffit.
Mais en hiver je combine 3 couches: sous pull merinos, maillot manches longues Mavic Cross max Thermo (type polaire respirante), et softshell Bionnassay Decathlon (pour la couche coupe-vent imperméable et passe partout). Avec un gilet jaune D4 par dessus le tout.
C'est un peu chaud en températures positives mais pour aérer j'ouvre un peu ;)

-les mains:

Gants vtt D4 en mi-saison. Combo gants Shimano goretex et sous gants de soie D4 l'hiver. Et j'ai toujours froid...

-la tête:

Toujours une casquette ! et le super casque D4 Btwin700. Léger, confortable, réglable et pas moche.
Un buff en plus entre les deux pour couvrir les oreilles l'hiver.
Sans plaisanteries je laisse ma barbe plutôt longue l'hiver afin de couper le froid et surtout l'humidité sur le menton et l'entrée du cou. C'est très efficace, la preuve en est qu'elle est souvent gelée en arrivant le matin...


Je rajouterai au fur et à mesure des notes et des remarques sur le matos "libre". C'est à dire celui qui n'est pas l'apanage d'un vélo et que vous pouvez donc aussi adopter (pas de retour sur mes lampes dynamo ou sur ma transmission).

samedi 29 octobre 2016

Coming out. Ou pourquoi enfin le VTT.

Depuis 2013 je roule en Genesis Croix de Fer, L'année dernière j'ai acheté un Fairdale pour le travail.
Et cet été j'ai voulu partir en rando.
Pour faire comme sur internet, je me suis traçé des itinéraires sur googlemap, repérant les chemins, les vues sympa, le moins de route possible.
Lors de la troisième étape, Aubenas / Langogne je me suis confronté à la plus grande difficulté que je n'ai jamais vécue à vélo. Monter 10 km de pierrier en poussant un vélo de 25 kilos. Sous 32 degrés au soleil.
J'aurais pu simplement prendre mon mal en patience car finalement, je suis arrivé à Langogne en bon état, presque en forme. Seulement mes genoux n'ont pas apprécié cette rando improvisée en cales auto. J'ai beaucoup souffert, surtout en pensant aux étapes suivantes qui me réservaient sans aucun doute d'autres surprises. La descente a été horrible, mon vélo n'étant pas du tout adapté.
Mes genoux sont extrêmement fragiles, à cause de TFL chroniques (google-it), et je ne peux pas forcer dessus, sous peine de douiller pendant 2 semaines. J'ai donc abandonné, il s'agissait de mes vacances, pas d'une performance sportive. Je me suis rabattu sur de chouettes balades solo autour de Laroquebrou.

J'en ai tiré deux leçons:
1- Mon développement min, 38/36 est trop faible pour rouler chargé ( à la rentrée je suis passé en 36 /36)
2- J'aurais sans doute pu passer cette épreuve si mon vélo avait été adapté, dev plus faible, pneus plus gros, vélo plus stable.

Bref il me fallait un VTT...

Seulement depuis quelques années je me gausse de ces pélos qui vont à Miribel en foule suspat' et je me dis "pas besoin de plus qu'un vélo de CX, on passe partout avec ça".
Changer d'avis ? Devenir le beauf que je dénigre ?
Ça va, c'est pas comme si je mettais le vélo sur le Duster pour aller rouler...

J'ai donc commencé à chercher un cadre, rigide, en 29, acceptant des pneus de 2.5, comportant toutes les caractéristiques pour devenir un vélo de rando. Salsa ? trop cher, Surly ? trop moche. Tiens Brother Cycles vient de sortir un cadre 29 rigide taiwanais, pour un prix correct.
Banco chérie, on vend la caravane.

J'ai déjà:

- roues ZTRcrest, moyeux Hope
- cassette 12-32
- pneus (WTB dissent 2;5 devant, trop fat, Maxxis Ikon 2;2 derrière)
- selle Fabric radius, tds Kris Holm, serrage Fairdale
- pédales MSC superflat
- potence FSA 90mm
- grips Odi Longneck verts
- leviers Avid
- étriers TRP spryre, avec disques
- jdd Xlc
- bdp Gxp

Je trouve:

- dérailleur, manette Sram X7 10v (sur TV, bon le dérailleur est baisé, la vis de fixation est foirée)
- cintre Ritchey wcs 10d
- pédalier Sram GX 32 175mm (neuf Wiggle, de la balle)
- Chaine Deore 10v
- des CAA





Je monte tout ça fastoche, comme une nouvelle boite de LEGO et je croise les doigts.

Le cadre est-il à la bonne taille ?
Les réglages sont-ils corrects ?
Je n'ai jamais roulé en VTT, vais-je prendre du plaisir ?

c'est un peu le mystère, mais c'est chouette

Je fais un petit tour avec, j'ai l'impression d'avoir un gros BMX, c'est coolos. Je me sens plutôt à l'aise.

Du coup, je vais tester le vélo avec un autre professeur des écoles.






Résultat, des sensations bizarres qui se sont transformées en plaisir et en satisfaction totale. Je m'attendais à subir le changement, aux genoux qui coincent, au dos qui grince, aux épaules qui souffrent. Que dalle, 30 bornes de singles sur 50 de roulage, et rien, juste du plaisir.
Dans deux ans j'ai trente ans, je pourrais peut-être enfin assumer. Mais pour l'instant j'ai honte.

(non je ne parlerai pas du poids du vélo, de ma vitesse moyenne, des performances possibles. Je m'en contre tape, j'ai kiffé. )

mardi 5 juillet 2016

Bilan d'un vélo de vélotaf

Il y a un an j'achetais un vélo Fairdale Weekender Drop, dans le but de l'utiliser comme vélotaf, prévoyant 5 aller-retours/semaine de 17km, sur du chemin plat.
Je l'ai directement tuné, à base de pièces sous le coude.

Oui, il s'agit d'un quai de gare, ça m'est arrivé...


J'ai fait 3000 bornes entre septembre et Noel (plutôt 23 que 17 !), après l'avoir équipé de gardes boue, portes bagages et pneus en 42 (conti contact 2)
Il suppléait parfaitement mon Genesis Croix de Fer, trop précieux, relégué alors aux sorties boueuses voire sportives.

Il ne s'agit que d'une base cadre fourche en Cromo, de type bateau. Il n'est ni ultra rigide, ni nerveux, c'est juste un vélo. Assez réactif pour se faire plaisir à vide, assez stable pour rouler chargé.
J'ai tout de suite été à l'aise dessus, Fairdale est vraiment une marque à suivre. Pour ce qui est du vélo dans sa définition ils sont parfaits. Image sympathique, créneau de la balade plaisir et utilitaire, ma copine a le même modèle sans les drops, 8 bornes de vélotaf par jour, depuis un an. Il est resté stock et n'a pas bougé d'un poil, à part un réglage des freins et une tension de roue arrière (deux grosses mauvaises expérience chez Vélostation Lyon Saxe ET Quai Pierre Size).

Son mono plateau et ses 10 vitesses n'ont jamais été des handicaps et il n'a jamais du être réglé ou nettoyé. Seule la transmission a subi quelques remises au propre pour cesser de souffrir et s'user moins vite.

Début Juillet, les vacances, fin de l'année scolaire, plus de 4000 km au compteur et rien ne bouge. J'ai changé la roue avant pour un moyeux dynamo qui révolutionnera l'année à venir.
Bref, je suis plus que satisfait de ce vélo à 1200e. Pas prétentieux, pas tape à l'oeil, lourd, presque inefficace, mais heureusement infaillible. Pas de casse ni de crevaison, pourtant il a vu de la route en galets, silex, verre pilé, flaques hasardeuses, trottoirs furtifs...

Tellement content le Pablo qu'il est parti pour une rando tout chemin, de Lyon à Aurillac, avec le Fairdale mi sacoches mi emballage de vélo.


Tout ça pour vous dire que rien ne sert de compter sa performance, sa moyenne, l'intensité renvoyée par tel vélo en plastique. L'important réside dans la justesse et l'équilibre, dans le plaisir de la démarche employée, pourvu qu'elle satisfasse l'objectif.
Le mien était d'accomplir une vraie année de vélotaf, de remise en forme de ma carcasse qui s'use. Malgré quelques déboires, ma satisfaction est pleine, esprit comme machine en sont récompensés.


jeudi 9 juin 2016

Bilan d'une année de vélotaf

Cet article paraitra un peu égocentrique, voire narcissique mais qu'importe. Je tiens à revenir sur cette dernière année de travail, 2015/2016, de façon précoce.

Cette année a été marquée par une révolution personnelle assez forte. Vous le savez, cela fait désormais 3 ans que je suis dans la "vie active", entendre que je fais partie des gens que ça fait chier quand on (les invite à faire) fait la fête le jeudi soir. Parceque j'en ai plein le cul, que je me suis levé à 6h, que j'ai supporté 6h de Gremlins, que JE SUIS ALLÉ TRAVAILLER À VÉLO et ce 4 jours consécutifs !

Car oui, j'ai désormais l'immense privilège de pouvoir aller travailler à vélo.
Après 2 ans passés le cul dans la bagnole, à faire du gras comme un connard, je travaille désormais en périphérie de Lyon. Je suis brigadier TRZR, ce qui signifie que je suis remplaçant, qu'on m'appelle le matin pour me dire quelle maitresse absente je remplacerai ce jour-ci, ou plusieurs jours.
La secrétaire sait que je préfère être appelé la veille, pour que je puisse m'y rendre à vélo. 
Dans ma circonscription, je suis désormais connu comme le loup blanc. Je suis le remplaçant à vélo.

Mon trajet vélotaf de base est très simple, il est constitué d'un itinéraire au bord du Rhône, principalement caillouteux puis traversant une agglomération peu hostile. Les variantes sont nombreuses mais le début est souvent le même. Je roule en moyenne une quarantaine de kilomètres par jour, soit une heure le matin et une heure le soir.
S'il faut grimper de bon matin, je prends le train et je reviens à vélo. 
Fixe de Septembre à Décembre, j'ai commencé à découvrir les autres écoles en Janvier. Malgré mon arrêt en Avril, j'aurai parcouru 5000 km fin juin et visité une quinzaine d'écoles.


retour d'animation pédagogique à Villars les Dombes

En terme professionnel, c'est formidable. J'improvise, je m'adapte, je compatis, je prends sur moi. Surtout, j'apprends. J'apprends à investir une classe en quelques minutes, j'apprends à entrer en relation directe avec des inconnus, j'apprends des astuces et des dispositifs pédagogiques, j'apprends prendre du recul sur mon action et j'apprends à mesurer la valeur de ma présence.
Puis je repars sur ma bicyclette.

Le trajet du matin, je construis ma journée. Le trajet du soir, je la déconstruis. Le vélo devient un sas, un temps précieux qui me permet une préparation puis une analyse de mes actes et de mes découvertes. Il me permet de canaliser mon ressenti. Et il me permet aussi de choisir l'abandon. Pendant une heure, j'appuie sur les pédales, je me concentre sur la route. Ce qui est rarement possible.
Je note cependant que lorsque je reviens du travail en voiture, je suis toujours aigris et énervé. A vélo c'est moins fréquent, selon le plaisir du trajet.


chemin de halage le long du canal du Rhône

Beaucoup se sont moqués de ma décision d'acheter un vélo dans l'optique de l'utiliser en vélotaf, alors que j'en avais déjà un sous la main.
Mon Fairdale, équipé de gros pneus d'hiver, de garde boue et de portes bagages, s'est avéré être un vélo formidable. Je l'ai fait évolué au cours de l'année, de façon à obtenir un vélotaf parfait, indéfectible et efficace. Tellement que c'est lui que j'ai choisi pour partir en randonnée en Juillet.



Le Croix de Fer a eut son compte. La Festive 500, les sorties boueuses, les accidents bêtes... il est toujours de service, en période de vacances, week-end et jours fériés pour les sorties disons sportives ou à risque...

Bref, je suis heureux, j'ai réussi à conjuguer mon travail et ma pratique du vélo. Cela a révolutionné ma condition physique ainsi que l'exercice de mon métier.

lundi 22 février 2016

Banished - le Kolkhoze vidéoludique

En 2014-2015 j'ai énormément joué à Banished, petit jeu indépendant développé par un seul homme. Ce n'est qu'aujourd'hui que je m’aperçois de la portée de ce jeu...
Sorte de gestionnaire de ville à l'époque médiévale, on commence avec une dizaine de colons balancés en pleine campagne. Disposant d'un stock de fournitures pour s'établir, il s'agit de donner à chaque colon un rôle dans la construction d'une nouvelle communauté.
La nourriture doit être produite, le bois de chauffage doit être récolté puis transformé, les maisons doivent être construites... Les colons se partagent le matériel et les denrées, afin que chacun effectue son métier le plus efficacement possible.
Chaque membre de la communauté a un rôle et le fruit de son travail est mis à disposition de l'entièreté de la population.

Par exemple:

Daniel est là depuis le début, il est pêcheur. Une fois le poisson pêché, il le dispose dans le cellier commun, créant ainsi un stock. Daniel est en concubinage avec Josy, forgeronne. Elle produit des outils avec le fer que lui apporte Jean-Marc, mineur et le bois que collecte Micheline, bûcheronne. Elle remise ses outils au cellier, avec le poisson, créant elle aussi un stock.
Le stock de nourriture, comme celui du bois de chauffage, est réparti par d'autres colons. Ils dispatchent les denrées de façon équitable selon les habitations.

(Un de mes villages, peuplé de 124 âmes après 45 ans d’installation)

La maison de Daniel et Josy ce sont Simon et Carline qui l'ont bâti, comme toutes les autres entre le marché et le port...

Bref, dans Banished, chacun possède un métier qui le rend utile au sein de la communauté, de l'instituteur au chasseur, en passant par le forestier et le bâtisseur. Et l'équilibre est extrêmement délicat.
Si je décide que Micheline cesse de récolter du bois et que je ne la remplace pas, laissant seul son collègue Kévin, avec moins de matière première Hamine aura moins de bois de chauffage à produire, cela va manquer dans les chaumières et la moitié de la population va mourir de froid lors du prochain hiver...
Ce jeu simple, exigeant et prenant, fonctionne sans aucun rapport de domination économique, militaire ou hiérarchique. Lorsqu'elle vit pendant un siècle, notre communauté évolue sans encombre si l'on fait attention à maintenir l'équilibre entre la production de ressources et l'accroissement de la population. Car évidemment, Daniel et Josy vont avoir cinq enfants...



Bien sur il s'agit simplement de maintenir la progression d'un algorithme mathématique aux multiples variables et non d'une véritable expérience humaine et sociologique. Il faudrait "bannir" la notion d'individualité et d'initiative personnelle pour qu'une société fonctionne de cette manière.
Mais ce qui est remarquable, c'est l'association de deux notions:
D'abord le partage équitable, sans lequel la fin est assurée, puis l'absence de relation hiérarchique. Certes le joueur distribue les rôles, tout le monde ne pourrait pas choisir de devenir cueilleur. Cependant, pour que la société fonctionne, comme pour les denrées, la répartition des tâches doit elle aussi être équitable.
Et c'est un riche exemple pour notre société parasite, où la création et la production ont laissé place à la consommation et au service.



Cela éveille chez moi une autre dissertation, celle de l'utilité de la création de jeu vidéo de manière indépendante, utilité créative, économique et écologique, dans un monde moderne où Minecraft a remplacé Lego (ou presque ;) )...



lundi 25 janvier 2016

Un enthousiasme débordant.

Après avoir exercé ma nouvelle situation, titulaire remplaçant Brigade, dans le creux du haut Bugey, me voilà par chance et pur hasard, de retour près de Lyon.
Après avoir passé 4 mois de vélotaf intense, mon trajet étant de 23 kilomètres jusqu'à mon école, je me retrouve à autotafer de façon très rébarbative.
Heureusement, j'ai retrouvé ma condition physique, mon entrain et la motivation dans la bicyclette.

A raison de deux heures de vélo par jour, j'ai pu constater l'aliénation qu'exerçait la voiture sur mon équilibre. Je mettais autant de temps que pour aller dans le Bugey, seulement j'allais à vélo.
Ce temps est mis à profit par la méditation cycliste, dont j'ai parlé dans le billet précédent. Là où le corps se coordonne avec la tête et où l'on s’aperçoit que l'on a pédalé pendant 30 minutes sans y prendre garde.
Il nous reste le temps d'évaluer, de préparer, d'organiser sa journée à venir. On revient sur sa journée passée et une fois à la maison c'est l'euphorie des endorphines qui prend le relais.
Et tout va mieux, même la mauvaise journée.

L'expérience de la "festive 500" relatée précédemment m'a ouvert les yeux sur ma pratique cycliste et m'a donné le goût de l'aventure raisonnable.
Si j'ai toujours aimé rouler, j'aime par dessus tout prendre les chemins de traverse. Personne n'aime rouler sur le même bitume que les autos. Moi j'aime le petit chemin vicinal, celui qui n'est parcouru que par le riverain, travailleur ou promeneur.





Toutes mes balades, randos ou excursions, je les préparais à l'avance. Soit je connaissais le coin par coeur, comme en Bourbonnais, soit je m'attachais à une carte. Puis je m’arrêtais pour regarder le chemin sur mon téléphone.
Cet hiver je me suis aperçu que je passais à côté de nombreux plaisirs cachés. J'ai essayé de nombreuses fois de prendre ce petit chemin ici, cette allée là, le sentier sympa par là. Tombant sur des impasses, des chiens ou des fossés. Quelques fois sur un autre chemin, d'autres fois sur une route trop passante.
Et pourtant je me suis moqués d'eux, pendant longtemps, de ces types le regard vissé sur leur potence, mesurant leur pouls ou tentant de maintenir leur moyenne. Puis je me suis renseigné. Le compteur fait aussi GPS ou le contraire je ne sais plus. Et il permet donc de suivre un itinéraire tracé auparavant sur logiciel.
Donc, pour moi, il s'agit de pouvoir mettre bout à bout tout les petits chemins que je croise durant mes balades et ainsi éviter efficacement (par exemple sans se perdre en galère au bout de 4 heures alors que je suis en hypo) les grands axes que je redoute tant.
Enfin me concentrer sur les chemins à tracteurs, entre deux bocages.

En un mot, je suis passé du côté MAMIL de la force. Ce que j'honnissais auparavant, je le chéri maintenant. Sans doute parce qu'avant je n'en voyais que l'assistanat et son usage abusif et que, devenu désormais utilisateur, j'en apprécie le confort. Comme le smartphone, connerie absurde du tout immédiat, devenu indispensable.
Est ce que je me suis fait avoir comme un gros pigeon ?
C'est ce que je tente de vérifier.

Pas plus tard que ce week-end, je dessine une balade dans le début des Dombes, en ne prenant que ce que je pense être des "routes sans revêtement" et zou, je pars.
Quel pied mes amis, perdu au milieu de champs inconnus, me bornant à suivre les indications du biniou. Une petite quarantaine de bornes avant de retrouver un chemin dont j'ai l'habitude et de rentrer.



Oui j'ai été assisté. Est ce que j'ai pris du plaisir à rouler ? Oh que oui.
En ai-je pour autant perdu mon sens de l'orientation, mes compétences en lecture de carte (que je sais bonnes, j'ai eu 20 au Bac en course d'orientation, déconne pas) ?
Absolument pas.
Par contre j'ai découvert des endroits super chouettes, où je retournerai me balader pour sûr !


(c'est cadeau)

vendredi 1 janvier 2016

Un petit tour de bicyclette

Chaque année l'application Strava et la marque Rapha organisent un défi internette, celui de parcourir à vélo 500 km minimum entre le 24 et le 31 décembre. Ils nomment ça la "Festive 500".
Pour le commun des cyclistes, pas de gloire, pas de prix, juste la satisfaction d'avoir passé ses vacances à user sa selle.
Je ne l'avais jamais fait et je n'ai pas franchement roulé cette année 2015, en enlevant le vélotaf. Donc j'ai une condition physique proche du beignet et une volonté proche de zéro.
Seulement voilà, il fait beau, il fait chaud et j'ai la perspective de passer cette période dans le Bourbonnais.
Et s'il y a un endroit où j'aime rouler, c'est bien dans le Bourbonnais. Donc je mets ma bicyclette dans le coffre et zou, on verra bien.

J'ai commencé plutôt doucement, 30 bornes, puis 50. Tranquille, je crache bien mes poumons, j'en chie, je me décrasse.






Il fait toujours beau, toujours chaud et cela devient un devoir de préparer un itinéraire puis de sortir le lendemain, faire mes 70 kilomètres. Je prends plaisir à souffrir et à retrouver ces paysages vallonnés, que j'ai appris à apprécier au fil des années. Le vélo est une autre approche du territoire, si on ne se borne pas à la performance. En quelques années j'ai découvert un nouvel endroit, un pays que je ne connaissais pas vraiment.
Les bouchures sont des environnements propices à la solitude cycliste, le paysage n'est jamais monotone et on est souvent accroché par un détail, un décor particulier qui nous sort de la méditation.
Le Bourbonnais c'est aussi le coin de René Fallet, qui vous parlera mieux que moi du vélo par dessus la bouchure.

Donc je roule, je me fais un petit programme en essayant de varier, de ne jamais passer sur la même route (autant que possible) tout en partant de Cosne d'Allier. Le moins évident reste d'innover, de trouver le bon chemin, le bon sentier qui me donnera la pêche...


La seconde partie du défi, c'est de concilier vélo et fêtes. Pas évident de faire comprendre à toute sa famille que ce qu'on veut c'est rouler, que ce n'est pas égoïste, que c'est un moment rare. Chez moi ça n'est pas très grave, ce n'est pas sacré. D'autant que mes occasions de rouler ici sont peu nombreuses.
J'aimerai bien écrire sur la sensation et les émotions que procurent le vélo au cycliste solitaire, même modeste. C'est assez unique et personnel, c'est aussi pour ça qu'on s'acharne à cet exercice masochiste. Mais je n'écrirai pas là dessus, je sais pas faire.
Sur l'exercice de la "Festive 500" je dirais que c'est une expérience qui nous décale complètement de la réalité. Alors que tout le monde bâfre en groupe, on souffre en silence.
J'aimerai recommencer l'année prochaine, avec un temps de merde s'il vous plait. Pour savoir si la motivation peut prendre le dessus sur les éléments. Cette année, c'était cadeau, 15 degrés fin décembre c'est tricher...

Au final j'ai plié les 500 kilomètres, tranquillement, sans me presser, sans me blesser, en prenant un plaisir sain, agréable et étrange. Et putain, j'en avais bien besoin...